La présence de micropolluants dans les cours d’eau entraîne des effets néfastes sur les écosystèmes aquatiques et sur toute la chaîne alimentaire. Leur présence est due aux différents rejets agricoles, industriels et urbains. Et la part des rejets domestiques est malheureusement loin d’être négligeable ! Mais comment les arrêter sachant que les micropolluants sont partout autour de nous ? En attendant une législation plus ferme qui interdirait les substances nocives dans la composition des produits, le moins polluant des micropolluants est celui que nous n’utilisons pas ! Il est en effet possible de lutter à notre niveau et de rendre son domicile et son environnement plus sain. On vous donne ici quelques pistes.
Les gestes simples à mettre en œuvre
Il faut avant tout favoriser les actions mécaniques pour éviter au maximum d’utiliser des produits chimiques : une ventouse pour déboucher les éviers, un peigne pour enlever les poux, une aération pour un air sain et renouvelé.
Mais cela ne s’arrête pas là ! Pour faire simple :
- SUPPRIMEZ I Passez-vous de certains produits, inutiles et nocifs : eau de javel (surpuissant), désodorisants, bougies et encens (les combustions émettent des particules) , adoucissants, blocs WC, papiers WC parfumés et imprimés… Un air sain ne sent rien, tout comme un linge propre !
- RÉDUISEZ I Dosez au plus juste : évitez la sur-utilisation, respectez le dosage indiqué sur l’étiquette, essayez de réduire les fréquences si c’est possible (par exemple, réduire progressivement le lavage des cheveux ou nettoyer le sol un peu moins souvent).
- REMPLACEZ I Utilisez des produits plus respectueux de l’environnement : choisissez des produits avec un label écologique de confiance (ils ne sont pas toujours plus chers que les autres) ou achetez des ingrédients simples et biodégradables. Quelques produits naturels et biodégradables suffisent à effectuer nos tâches quotidiennes et à conserver un domicile sain et propre : savon noir, vinaigre d’alcool, bicarbonate de soude… Ces produits sont disponibles en grandes surfaces, pharmacies, magasins bio ou magasins de bricolage. Ils sont efficaces et peu coûteux, contrairement aux produits d’entretien classiques trop agressifs pour la maison, l’environnement et responsables de nombreuses allergies (voir tous les ingrédients). Et si vous êtes motivés, lancez-vous dans le fait-maison ! C’est plus écologique, plus sain et très souvent moins cher en durant plus longtemps ! (voir toutes nos recettes)
Enfin, il est essentiel d’aérer les pièces de vie et les chambres, au moins une fois par jour pendant 5 min en créant si possible un courant d’air. Vigilance également sur le choix des jouets, des ustensiles de cuisine, des revêtements, du mobilier… Car les micropolluants sont aussi dans l’air que l’on respire, dans l’alimentation et dans tout ce que l’on ingère. Il peuvent directement impacter notre santé par ingestion, inhalation et contact, les femmes enceintes et les jeunes enfants étant les plus vulnérables.
Comment savoir si un produit est respectueux de l’environnement ?
- les pictogrammes de danger : ils nous indiquent la dangerosité du produit.
- les consignes de sécurité : elles sont un bon indicateur également du degré de dangerosité du produit « rincer les yeux abondamment », « ne pas avaler », « porter des gants », « appeler un centre anti-poison »…
- la notice d’utilisation : les dosages sont à respecter. Mettre davantage de lessive ou de shampoing ne lavera pas mieux.
- les ingrédients : la réglementation impose un affichage intégral de la composition des produits cosmétiques, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour les produits d’entretien. De façon générale sur les produits de d’hygiène et de beauté, préférez les produits aux listes d’ingrédients courtes et avec des noms en latin (d’origine naturelle). Il existe des applications pour vous guider dans vos achats : Yuka, INCI beauty, Que choisir Cosmetic, Clean beauty…
- Les labels écologiques : avec des niveaux d’exigence variables, les labels officiels sont un gage de confiance. Même s’ils ne sont pas parfaits ni garants d’un produit exempt de toute molécule suspecte, ils permettent de fixer des seuils et de garantir des modes de fabrication plus respectueux de l’environnement et/ou des hommes. C’est l’assurance de faire un geste important pour l’environnement.
Quels sont les labels écologiques officiels ?
Un label écologique permet de distinguer un produit plus respectueux de l’environnement. Représenté par un logo environnemental, il répond à des exigences strictes (norme ISO 14024) :
– Il respecte des critères environnementaux précis. Il minimise les impacts environnementaux (eau, air, sols, gaz à effet de serre…) tout au long du cycle de vie du produit.
– Le produit est certifié par un organisme indépendant qui garantit la conformité du produit aux critères du référentiel.
– Sur le produit apparaît un numéro de série et un lien internet pour pouvoir consulter le référentiel.
– Les critères environnementaux sont révisés régulièrement.
Il existe de nombreux labels environnementaux, publics ou privés, attestant de différentes caractéristiques concernant les produits. Pour les labels publics, le cahier des charges est réalisé par les pouvoirs publics, et les contrôles par des organismes indépendants (tel que AFNOR). Pour les labels privés, le cahier des charges est fait par des entreprises, des associations de consommateurs ou environnementales, des fédérations professionnelles… Le contrôle, lui, est fait par des organismes indépendants (tel que Ecocert).
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les cahiers des charges établis par les organismes privés sont souvent plus exigeants que ceux établis par les pouvoirs publics. Les labels les plus courants présentés dans notre mémo des labels garantissent tous des produits ayant un impact réduit sur l’environnement (la liste n’est pas exhaustive pour autant). Leurs niveaux d’exigences sont variables et ne portent pas sur les mêmes critères.
On notera que a nouvelle norme internationale ISO 16128 pour les produits cosmétiques bio et naturels manque beaucoup de rigueur… Elle risque d’induire encore plus le consommateur en erreur. Vigilance donc. Lisez toujours bien les étiquettes.
Voici quelques labels publics et privés très courants :
ÉCOLABEL EUROPÉEN : le seul label écologique officiel européen (public). Il répond à une approche globale prenant en compte le produit dans l’ensemble de son cycle de vie (extraction des matières premières, fabrication, distribution, utilisation, réparation, recyclage) par une approche multi-critères (exigences strictes en matière de biodégradabilité pour limiter les impacts sur l’environnement aquatique, limitation de certaines substances dangereuses pour la santé humaine, quantité d’emballages limitée). | |
NF ENVIRONNEMENT : c’est l’écolabel français (public), avec désormais le même cahier des charges que celui de l’Europe au dessus (sauf pour les peintures où l’exigence est un peu plus poussée) > Limitation de certaines substances dangereuses pour la santé humaine et nocives pour l’environnement aquatique, limitation de la quantité des emballages, efficacité du produit | |
COSMOS ORGANIC : pour les produits d’hygiène et beauté, il vient harmoniser le cahier des charges de 5 labels privés assez courants (Cosmebio Bio et Eco, Ecocert, BDIH et Soil association organic) > 95% d’ingrédients végétaux issus de l’agriculture bio, 95% d’ingrédients naturels, processus de production et de transformation respectueux de l’environnement et de la santé humaine, biodégradabilité des ingrédients … | |
NATURE & PROGRÈS : pour les produits d’hygiène et beauté (label privé). > Tous les ingrédients végétaux issus de l’agriculture bio, interdiction de tests sur les animaux, sans utilisation d’OGM, pas d’ajout intentionnel de nanomatériaux ou d’ingrédients issus de la pétrochimie, utilisation économe des ressources (énergie, eau) lors de la production, limitation de la quantité des emballages… | |
ÉTIQUETAGE COV : c’est une indication publique, française et obligatoire, pour tous les produits de bricolage qui emettent des Composés Organiques Volatils (COV). Il renseigne sur le niveau d’émission de COV qui s’évaporent à température ambiante des produits de revêtements et de bricolage à usage intérieur. Echelle de A+ (peu ou pas d’émission) à C (fortes émissions). |
> Pour en savoir plus sur les labels (sites de référence, catégories de labels, faux amis, etc.), consultez notre article Les labels écologiques : comment s’y retrouver ?
Et attention aux annonces trompeuses du type « Formule verte » ou « biodégradable » !
Et pourquoi ne pas adapter les stations d’épuration pour traiter les micropolluants ?
Les recherches ont montré qu’il est possible de réduire les émissions en micropolluants des stations de traitement des eaux usées, soit en optimisant les procédés existants, soit en ajoutant un procédé de traitement complémentaire. En augmentant par exemple la concentration des boues ou encore la durée d’aération dans les bassins. Des gains limités, mais non négligeables ont ainsi été observés, en termes de rendement et de diminution des concentrations au rejet (de 10 à 30%).
Une fois cette étape passée, certains micropolluants résistent encore. Des traitements complémentaires (traitement tertiaire) peuvent alors être mis en place :
- l’ozonation : l’ozone est un puissant oxydant permettant la dégradation de substances chimiques présentes dans les mélanges gazeux et liquides
- L’absorption sur du charbon actif en grain : sa structure poreuse permet l’absorption d’une large gamme de micropolluants
- Les procédés d’oxydation avancée : peroxyde d’hydrogène et ultra-violet en association avec l’ozone pour intensifier l’oxydation
Des études ont été réalisées à l’échelle pilote semi-industrielle. L’ozonation et le charbon actif en grain ont donné de très bons résultats : plus des 2/3 des micropolluants organiques étudiés ont été éliminés avec un rendement supérieur à 70%.
Les chercheurs ont également réalisé des évaluations économiques des équipements de traitement : contraintes techniques d’exploitation, mais aussi des coûts de fonctionnement et d’investissement. Ainsi, l’ozone utilisé seul semble la solution la moins coûteuse, quelle que soit la taille de la station.
Mais l’adaptation des stations d’épuration même si c’est une solution indispensable, serait très coûteuse pour les collectivités territoriales et donc pour les citoyens. Cela impacterait directement le prix de l’eau. De plus, il faut prendre en compte le temps d’adaptation et de mise à niveau, ainsi que le fait que certains micropolluants sont peu connus, et donc que cette solution ne pourrait être que partielle.